Le vin à travers les âges et les civilisations

Coteaux de Tupin - Rhône septentrional

Il est impossible aujourd'hui de tendre l'oreille et de ne pas entendre des échos de l'offensive d'un pays envers un autre pays, ou le récit de nations en proie à des crises durables. Je ne suis pas la personne qui peut analyser profondément les causes et les raisons profondes de ces troubles mais je ne peux m'empêcher d'y penser lorsque j'ai un public international en face de moi lors de journées de formation.

En tant que formateur enseignant dans ma langue maternelle mais également en anglais, j'ai en effet accès à des personnes de cultures très diverses, et ces épisodes de plusieurs jours riches d'échange est ce qui donne la saveur à mon métier et me permet de conjurer une répétition ennuyeuse ou la rigidité d'un format, comme certains tendent à le penser.

Le vin a traversé les âges et les civilisations, il a même longtemps fait office d'aliment à côté des céréales et fruits. Il est pour moi essentiel de replacer cela dans un contexte historique lors de mes formations, qu'elles soient diplômantes ou non. En France, encore trop peu de gens savent que la culture de la vigne nous est arrivée par le sud, en 600 avant notre ère et que par conséquent, en Méditerranée, bien d'autres peuples cultivaient la vigne. A ces époques, nous n'en étions pas à parler de nation française ou de nation italienne, mais plutôt de croisements de peuples voyageurs avec des sédentaires, d'invasions et de mélanges.

Cette bouteille en illustre un exemple plus récent dans l'histoire :

Un sommelier autrichien me racontait être allé visiter cette région d'Italie et y avoir joué aux cartes en employant avec les locaux un dialecte germanique similaire à ce qu'il connaissait. Et ce genre de creuset se retrouve à de multiples reprises en Europe, en Asie, partout où il y a eu déplacements et refonte de ces fameuses frontières.

De frontière, la vigne n'en a connu que de climatique pendant une longue période. C'est à dire qu'elle ne se cantonnait pas toujours à une nationalité ! Contrairement à bien des idées reçues, dont le milieu du vin souffre tout autant que n'importe quel autre, les cépages plantés en France ne sont pas tous "français" ou plutôt apparus sur ce qui constitue aujourd'hui le territoire de la France. Bien sûr ces cépages ont changé de nom, régionalement et après les traités ou édits qui fixèrent nos frontières avec l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne...

Et je ne parle pas du reste du monde viticole, ce serait fastidieux à lire et un peu trop "sec" (entendez sans dégustation). Faisons en sorte déjà à nos portes d'embrasser la diversité incroyable du monde du vin qui nous entoure et de ne pas se refermer sur nous-mêmes.

Au restaurant Calabria de Pommard.

Partage franco-italien en Bourgogne:)

Je terminerai en laissant la parole à Achille Mbembé : "...nonobstant les nationalises et ethno-nationalismes, il n'y a jamais eu qu'un seul monde. Qu'on le veuille ou non, nous en sommes tous des ayants droit." (Brutalisme, 2023)

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